lundi, juillet 03, 2006

« Le nez le plus long n'est pas toujours le meilleur senteur. »


Je suis bien d’accord avec les cousins québécois des deux pattes… J’en prendrai pour illustration ce qui m’est arrivée l’autre jour : Mon deux pattes était à la niche, pendant que sa femelle faisait des « courses ». Je ne sais pas exactement ce que sont les « courses », je sais courir, mais ça ne doit pas être la même chose, car à chaque fois qu’elle part faire des « courses », elle revient avec plein de choses alors que moi quand je vais faire une course, je rentre juste fatiguée… Mais bon, je ne suis pas là pour me lancer dans une étude comparative entre ma course et ses courses, cela n’est pas mon sujet.

Non, je voulais vous parler d’un de vos sens, tellement atrophié que je ne sais pas comment vous osez dire que vous en êtes équipés, je veux parler de l’odorat.

La semaine dernière donc, je tenais compagnie à mon deux pattes, qui était sagement assis devant sa machine à frapper les mots, lorsque soudainement ma truffe a senti dans l’air un parfum pas naturel. Oui, bon, je sais, certains deux pattes mal intentionnés vont encore dire que j’étais la source de cette pestilence, mais d’une part ce n’était pas le cas, d’autre part, ces dégagements olfactifs sont des traits génétiques de ma race, qui, avec nos ronflements, nous caractérise, moi et les miens, au même titre que les perles caractérisent les huitres, ou le raisin le champagne : c’est notre titre de noblesse à nous, les petites boulettes…

Or donc, une pestilence tout aussi désagréable que chimique commençait à envahir l’atmosphère, à un point tel que cela me prenait la gorge. Et pendant ce temps-là, mon deux pattes continuait gentiment à s’activer, comme si de rien n’était. J’avais beau aller et venir du balcon à lui, de lui au balcon, en poussant de petits jappements, il n’en avait cure, et continuait à s’activer, à faire j’imagine, des choses qu’il estime plus importantes que me consacrer seulement quelques instants et m’écouter un peu. Il parait que ces choses, cela s’appelle le travail, je suis bien contente de ne pas avoir a faire de telles choses, car ça ne me plait pas.

L’odeur devenait de plus en plus entêtante, c’en était très désagréable, ça me piquait les yeux, et lui, il se contentait de me regarder, de me passer une patte sur la tête, en me disant des banalités du style « mais oui tu es un beau chien »… Ce n’était vraiment pas la peine de le rappeler, tout le monde le sait, enfin tous les individus, quelque soit leur nombre de pattes, dotés d’un tant soit peu d’intelligence. Mais c’est vrai, rien ne me permet d’affirmer que mon deux pattes est doté de ceci, également très optionnel chez ceux de sa race.


pimpon
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A la fin, alors que je ne savais plus quoi faire, enfin il a remarqué cette puanteur, ou plus exactement non, je ne pense même pas qu’il l’aie remarquée : dans la rue sont arrivés trois camions rouges, toutes sirènes hurlantes, avec des deux pattes, bien bâtis, portant de drôles de choses sur le dos, et tirant de gros joujoux d’où pendait un fil, fil qu’ils sont allés planter dans le sol, pour que de l’eau en sorte…

Ce remue-ménage a enfin fait réagir mon deux pattes, et non seulement il est venu voir à la fenêtre, mais en plus il a compris mes demandes d’aller voir ça plus en détail : il a mis ses sur-pattes, a pris la laisse (il ne manquerait plus que je le perde : avec son (absence de) flair, jamais il ne retrouverait la niche, sans moi…) et nous sommes allés voir les beaux deux-pattes dans leurs camions rouges. La source de la puanteur était bien localisée, il s’agissait en fait d’une de ces boîtes dans lesquelles les deux-pattes laissent ce qui ne les intéresse plus, ni pour manger ni pour jouer. Ils appellent ça une « pour belle » je crois, et c’est vrai que moi qui suis belle, j’y trouve toujours plein de choses appétissantes et amusantes… cette « pour belle » brulait et c’est de là que s’échappait ladite odeur, si nauséabonde… Une fois que nous étions dehors, j’ai entrainé mon deux pattes faire un tour, et au retour, les autres deux pattes dans leur camion rouge étaient en train de ranger tous leurs joujoux, j’ai eu droit à plein de caresses, sans doute pour nous récompenser, moi et mon flair…

Non définitivement, c’est clair que même si moi j’ai une toute petite truffe, je m’en sers nettement mieux que les deux pattes, avec leur si long appendice…


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