lundi, février 21, 2005

Prévenez BB : boulette martyrisée


Il me semble que je vous ai déjà parlé du plaisir que je ressens à me promener la truffe au ras du sol, à humer toutes les bonnes odeurs qui traînent, et parfois à ramasser quelque chose de succulent à manger. Un complément à ces plaisirs est de trouver par terre un parfum tellement agréable et suave qu’on a envie de faire comme vous, les deux pattes, et de s’en mettre un peu dans le cou.

Mais visiblement, c’est une chose que, égoïstes comme vous l’êtes, vous refusez de nous voir faire. Si si, j’en ai la preuve : l’autre jour, alors que j’avais trouvé la source d’une fragrance exceptionnelle, et que je m’en était consciencieusement et complaisamment enduit le cou et l’arrière de l’oreille (aucune femelle ne me contredira : c’est là que c’est le meilleur, même les deux pattes font de même, n’est-ce pas ?), ne voilà-t-il pas que, dès que rentrée dans ma niche, mes deux pattes me sautent dessus (c’est facile, ils n’avaient pas encore posé leur laisse, vous savez, celles qu’ils s’accrochent pour ne pas se perdre quand je les promène), et me jettent dans l’eau.

Et qu’ils m’arrosent, me savonnent, me frottent dans tous les sens, me recouvrent de mousse, et enfin me rincent. Y’avait le jet d’eau qui m’aspergeait partout, même dans les yeux, le nez, la bouche, c’était un vrai déluge… A un moment, je me dis que ça y est, le calvaire est fini, mais non, leur sadisme atteint des bornes inimaginables : ils remettent ça : nouveau raz de marée, nouveau frottage, nouveau trempage, nouveau rinçage… Et ce n’était pas un programme économique, mais au contraire, le programme long…

Finalement, ces maudits deux pattes m’ont laissée m’ébrouer, pour tenter d’évacuer ces milliers de gouttelettes qui couraient sur ma robe (ben oui, contrairement à vous, primitifs deux pattes, je ne suis pas forcée d’enlever ma robe pour me laver).

Mais, non contents de m’avoir traumatisée à vie, ils ont continué leur supplice : ma méthode de séchage, utilisée depuis des générations par toutes les boulettes qui se respectent, n’a pas eu l’heur de leur plaire, et au lieu de me laisser m’ébrouer, ne voila-t-il pas qu’ils sortent leur lance à air chaud. Je ne sais pas si vous connaissez, il s’agit d’un appareil qui crache de l’air chaud, qui est sensément destiné à faire disparaître l’eau. Je n’aime pas du tout ça, et ces lâches, pour être sûrs de leur méfait, et ne pas me laisser la moindre chance, m’ont attaquée avec deux de ces lances à air chaud…

Je n’étais pas contente, je vous prie de le croire, et pour montrer mon mécontentement, je suis allée me coucher dans mon coin, et pendant une heure au moins je ne suis pas allée les voir, et ne leur ai même pas adressé un seul regard ou une seule parole.

Et tout ça, je suis sûre que c’est par jalousie, car mes chers deux pattes n’avaient pas trouvé le même parfum. Ah franchement, la jalousie, c’est pas bien, et vous, les deux pattes qui lisez ceci et qui êtes victimes de telles pulsions, je ne vous adresse que l’expression de mon dédain le plus haut.

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